Le second rock Alive arrive enfin !

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Vous tenez enfin entre vos mains le résultat de plusieurs mois de travail acharné. L’idée de faire un dossier sur Johnny Cash me vint lorsque je me rendis compte qu’une bonne partie de son œuvre était tombée dans les oubliettes de l’histoire. Seules deux périodes retiennent l’attention des observateurs, le passage à la prison de Folsom et les American recordings. En lisant la plupart des magazines et des revues en ligne, vous avez l’impression que le mythe Cash se limite à un concert à la prison de Folsom, avant de ressusciter à la fin des années 90. Récemment, le film Walk the line poussa certains observateurs à se pencher sur les enregistrements Sun , succession de tubes que Joaquin Phoenix interprète parfaitement dans le film. Mais rares sont ceux qui allèrent plus loin.

Les années 60/70 virent pourtant Cash sortir une série de perles aussi honorables que ses grands classiques. Durant cette période, sa route croisa régulièrement celle d’un certain Bob Dylan. Les deux hommes représentèrent alors deux visions du chanteur populaire, témoignaient d’un changement profond de la société occidentale. Cash symbolisait l’Amérique des campagnes, celle qui a nourri le pays à la sueur de son front, qui a le sens du devoir et l’amour de dieu. C’est une Amérique où le collectif prime sur l’individuel, où le devoir passe avant le plaisir. Johnny Cash a connu la vie misérable que les paysans subissaient sans se plaindre, il a vécu les joies et les peines que vécurent ces familles unies mais pauvres. Cash ne s’est pas inventé une histoire, il chantait pour raconter la sienne et l’histoire avec un grand H. Cette authenticité fut d’ailleurs sa force, elle donna plus de profondeur à son œuvre.

Deux influences constituent le socle de la musique Cashienne , la country et le gospel. La première lui rappelle la terre qui l’a nourri et les gens qui l’ont élevé, l’enracine pour toujours auprès de ce peuple des champs. Le second donne à son personnage l’ampleur grandiloquente des grands héros romanesques, offre à ses mélodies une grâce éternelle. Attaché à ses semblables et saluant les illustres morts de l’histoire américaine, Cash fut le fruit d’une civilisation patriote et altruiste. Dylan représenta au contraire le modèle d’une philosophie voulant que l’homme se construise seul, qu’il n’a de compte à rendre qu’a lui-même. C’est celui qui, comme Jim Morrison, a dit pendant des années qu’il n’avait pas de parents, qui se cacha derrière des textes inspirés par les rêveries de Rimbaud, Kerouac et Woodie Guthrie.

De 1960 au début des seventies, le barde Dylan chanta pour saluer le début d’une nouvelle ère et railler ceux qui s’en méfiaient, pour maudire les dirigeants belliqueux, pour se plaindre de ceux qui « buvaient son vin ». Il sacralisa ensuite la figure du hors la lois , se battit contre ce qu’il voyait comme des injustices , devenant ainsi le prototype du chanteur engagé qui pullulera par la suite. Chez Dylan, ces engagements et ce côté artificiel pouvait donner naissance à une œuvre monumentale , ses descendants ont malheureusement tendance à cacher leur médiocrité derrière une certaine bien pensance et des influences mal digérées. Durant les sixties / seventies , Cash représenta un monde plein de tradition qui s’éteignait , c’est d’ailleurs sans doute pour cela que ses albums de l’époque tombent dans l’oubli. Puis le feu d’artifice s’est terminé, les eighties installant un culte de la médiocrité qui allait durer près de dix ans. Après ce massacre, le grand public se précipita au chevet de celui qui était devenu un vieil homme malade.

Le Johnny Cash des American recordings fut ainsi sacralisé au détriment du reste de son œuvre, on oublia l’homme chantant dans une prison suédoise, le conteur de l’album America … Tous ces hauts faits effacés par le temps vous sont ici racontés. Je vous conseille de lire ce récit en écoutant tous ces album dans leur ordre de parution, de bien vous imprégner des passages les plus mystiques et des envolées country rock. Vous comprendrez alors que la légende de l’homme en noir n’est pas due qu’a quelques albums, mais à une œuvre célébrant la grandeur de la civilisation américaine.            

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