URIAH HEEP « Salisbury » (1971)

Après le très prometteur « Very ‘eavy very ‘umble » sorti en 1970 et qui contient notamment le grand classique « Gypsy » ainsi que les excellents « Walking in your shadow », « Come away Melinda » et « Wake up set your sights » (j’y reviendrai dans une future chronique), Uriah Heep enregistre fin 1970 son second album, le grandiose et ambitieux « Salisbury ». En écoutant cet album on a du mal à comprendre comment et pourquoi Uriah Heep ait pu être autant sous estimé par rapport aux autres ténors du hard rock de l’époque à savoir Led Zeppelin, Deep Purple et Black Sabbath auxquels on peut rajouter Blue Oyster Cult apparu un peu plus tard. Sauf à penser que Uriah Heep était trop avant-gardiste et que son mélange de hard rock très heavy et de rock progressif puisse avoir eu du mal à trouver son public. Evidemment la formation qui tient son nom d’un personnage du roman David Copperfield est apprécié de beaucoup de connaisseurs mais pas autant qu’elle devrait l’être. Pour moi c’est un des grands oubliés du début des années 70, pas reconnu à sa juste valeur.
Surtout que ses trois premiers albums sont de vrais perles (mais en gros Uriah Heep a sorti de très bons albums jusqu’en 1975).
Pour ma part, adolescent, j’avais fait l’impasse sur ce groupe après avoir lu une mauvaise critique (comme quoi il faut toujours aller vérifier par soi-même !) ; heureusement je me suis rattrapé depuis.
Des trois premiers albums « Salisbury » est le plus ambitieux. Certains diront qu’il est un peu pompeux, grandiloquent, pour ma part je le trouve ambitieux certes mais surtout réussi et flamboyant, avec de bons musiciens déjà au sommet de leur art, de très bonnes compositions, diversifiées et un bon équilibre justement entre les différentes facettes du groupe (heavy, ballades, prog), beaucoup d’originalité et de créativité, un groupe atypique, hors des sentiers battus comme c’était souvent le cas à cette période.
Bien sûr Uriah Heep ressemble un peu à Deep Purple : un remarquable chanteur (David Byron) à la voix haut perchée et aux vocalises qui marquent l’auditeur et qui rappellent un peu Ian Gillan et un bon duo guitare/clavier (Mike Box et Ken Hensley).
Même si Box n’est pas Blackmore et n’a pas sa finesse il délivre quelques solos pas désagréables.
C’est vrai que Byron en fait de temps en temps un peu trop avec ses effets de voix mais quel chanteur hors normes !
Sur la face A on trouve deux morceaux bien « heavy », grosses rythmiques, gros riffs magistraux (« Bird of prey » et « Time to live » avec sa superbe intro de guitare) et deux ballades (qui les distinguent de Deep Purple qui ne s’est jamais trop aventuré dans le genre) : « The Park » et « Lady in black » assez différentes (ma préférence allant à la première même si « Lady in black » reste un des « tubes » du groupe).
La face B débute par « High Priestess » un rock à la sauce Uriah Heep un peu boogie puis vient « Salisbury » titre de 16 minutes, la pièce maîtresse, hallucinante farandole de styles, mélanges de classique, de jazz, de progressif et de heavy metal, le tout avec une section cuivres étonnante et des changements de rythmes incessants ; 16 minutes de bonheur, un morceau magnifique, expérimental et grandiose. Certains n’aimeront pas c’est certain mais franchement ce titre est un régal, une grande réussite , une composition énormissime dont je n’ai quasiment jamais entendu d’équivalent.
Si ce petit bijou reste trop expérimental pour vos oreilles vous pouvez toujours aller réécouter leur premier album (Very ‘eavy very ‘umble) ou leur troisième (Look at yourself – déjà chroniqué sur ce site), excellents mais plus classiques.
Toujours est-il que « Salisbury » est le plus innovant et le plus original des anglais d’Uriah Heep, leur oeuvre majeure. Une petite merveille, vous l’avez compris, que je vous conseille fortement.

Suivront donc « Look at yourself » en 1971, « Demons and wizards » en 1972 puis encore quelques bons albums jusqu’au départ de David Byron le chanteur et le groupe déclinera lentement tout en continuant d’enregistrer de nombreux disques et de tourner régulièrement jusqu’à aujourd’hui encore (avec le seul Mike Box restant de la formation originelle).

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