Le nouveau Rock Alive est arrivé !

« Je tiens pour peignes culs , cœurs secs , âmes ordinaires et bousiers de la  condition humaine tous ceux dont les tripes ne se nouent pas d’émotion lorsque la grâce leur est offerte de ne plus se sentir seuls au milieu du temps présent et de retrouver le cheminement des racines qui les lient aux hommes du passé ». Jean Raspail – Le jeu du roi

C’est cette citation qui m’incita à écrire deux dossiers pour ce numéro. A l’origine de ce choix, il y eut également une anecdote qu’il me  faut vous conter. Comme chaque matin de la semaine, je me présentais à la gare de ma ville à 5 h 30, pour prendre le train qui me conduit au travail. La SNCF n’ayant pas usurpé son titre de honte nationale, le train de 5 h 45 fut supprimé sans aucune justification, m’obligeant ainsi à poireauter une bonne demi-heure. N’osant écouter de la musique, de peur de rater une annonce importante, je dûs supporter les piaillements de deux gourmandises que Bukowski aurait qualifié de « pestes ».  

– Moi j’aime écouter de la techno quand je suis bourré. Surtout du … ( ne comptez pas sur moi pour faire de la pub à ce genre d’acéphales)

– Mais … c’est so 2000 ! Faut te remettre à jour !

– Grave ! Mais j’écoute aussi du …

Je tiens au passage à préciser que ce style, cette prose si profonde qu’on l’imagine produite par un enfant de dix ans, fut l’œuvre de jeunes femmes ayant largement passé le cap de l’adolescence. Mon mauvais esprit aurait tendance à en déduire que ce n’est pas pour rien que ce genre d’adulescent se promène désormais en trottinette, objet que l’on refuse généralement d’utiliser après 12 ans…Toute notre époque est contenue dans ce dialogue , de sa légèreté vulgaire à son modernisme puant  , en passant par un ton moralisateur particulièrement irritant. Alors, au moment où je pris place dans le wagon et commença à écrire, une question me vint à l’esprit. En axant la majeure partie de ce magazine sur un groupe relativement jeune, ne suis-je pas en train de me plier à ce dogme qui veut que seul le neuf ait de la valeur ?

Il me fallait un contrepoids, une grande référence complétant ce propos moderne et le plaçant dans une grande filiation. Il se trouve que j’écoutais alors beaucoup les grands albums de Caravan, le jazz rock somptueux de In the land of grey and pink m’apparut alors vite comme la réponse à mes interrogations. Vous lirez donc deux dossiers racontant la même épopée, celle d’une musique dont l’ambition et la beauté vont à l’encontre de la médiocrité de notre temps. Pour survivre aux attaques du modernisme gluant, le rock progressif prolonge désormais ses solides racines. Je vous invite donc à vous enfermer dans cette lumineuse végétation souterraine. Et, quand les douceurs cuivrées de Caravan vous bouleverseront autant que le swing théâtrale de Grimspound , vous pourrez reprendre à votre compte cette fameuse phrase de Lou Reed : « His mind was saved by rock n roll ». Votre esprit fut sauvé par le rock n roll, qui est avant tout une musique de révolte.

La révolte virtuose des génies anglais répond donc aux pavés des insurgés punks dans ce numéro profondément anticonformiste. A ceux qui trouveraient encore ce propos conservateur, je répondrais que cette époque n’offre rien de bon à conserver. Je clôturerai d’ailleurs cette édito par une citation de Georges Bernanos, qui résume mieux mon mépris du conservatisme moderne que je ne l’aurais fait :

« Nous n’entretenons pas seulement les imbéciles , nous nous conformons au rythme ralenti de leur vie, nous sacrifierons peut être un jour le génie créateur de l’homme à ce conservatisme que les littéraires peuvent bien essayer de justifier par des formules pompeuses, mais qui n’est précisément chez les imbéciles qu’un simple réflexe de l’instinct de conservation. »Ces propos paraissent si actuels à l’époque des mesures sanitaires et de la pop dégénérée, qui sont toutes deux le fruit d’un conformisme, né dans les années 80.

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